Karine Roynel – Sarl JP Roynel

“Une Affaire de famille”

« Il était écrit qu’un jour ou l’autre je sois amenée à reprendre l’affaire familiale ». Karine Roynel résume avec philosophie son parcours de vie étroitement lié à la société éponyme de chaudronnerie, serrurerie, traitement de surfaces et peinture créée par son père en 1979. Une entreprise basée à Gradigan qu’elle intègre à la sortie de ses études. « J’ai vraiment appris à connaître tous les services de l’activité, de la gestion à la production d’un métier complexe » explique la dirigeante qui n’a jamais reçu de traitement de faveur de son papa, bien au contraire. « Il partait du principe que je devais en faire toujours plus, ce qui n’était pas forcément facile. Je me suis accrochée… ». Jusqu’au jour où le nœud œdipien a fini par craquer. « Je me suis écartée de l’entreprise car nos deux caractères très forts ont fini par faire des étincelles. Ce n’était plus possible ». Expatriée, la jeune femme vit en Outre-Mer de 2007 à 2011, date à laquelle elle rentre en France. « Mon père était malade. Tout a été très vite. Il est décédé au début de l’année 2012. Il m’a demandé de reprendre l’entreprise sur son lit d’Hôpital » précise avec pudeur celle qui obtiendra sans équivoque la confiance de sa mère et celle de ses salariés. « Je les ai réunis et je leur ai demandé s’ils souhaitaient que je prenne les rênes de l’entreprise. Ils ont tous dit oui… ».

Au four et au moulin

Voilà comment Karine Roynel s’est retrouvée à la tête d’une entreprise essentiellement masculine dont la santé financière n’était plus au beau fixe. « J’ai refusé de procéder à des licenciements économiques. Chaque salarié fait partie de l’équipe et il n’était pas question d’en laisser sur le bas-côté de la route. On s’est relevé les manches et on a fait face ensemble » insiste celle qui a dû à la fois gérer la perte d’un être cher et le gouvernail d’un navire de 48 salariés. « Nous avons un vrai savoir-faire, reconnu et apprécié. On a depuis enregistré de belles commandes, dont la réalisation d’un ensemble de pièces sur mesure pour la promenade Sainte-Catherine à Bordeaux qui représente en volume l’équivalent d’un tiers de notre chiffre d’affaires ». Jadis sportive de haut niveau au club de hand à l’Aspom de Bègles (nationale 1), cette ancienne « pivot » ne baisse jamais les bras même si les moments difficiles sont parfois lourds à porter. « J’ai la chance de vivre sur le Bassin d’Arcachon, ce qui me permet de me ressourcer et de pratiquer la plaisance pour décompresser » explique la fille d’un homme qui lui avait dit « Tu dois y arriver » avant de partir. Karine Roynel a honoré sa dernière volonté.