Serge Gérard - Boyer - resoo

Serge Gérard, l’entreprise chevillée au corps et au cœur

«J’aime mon entreprise, j’y ai toujours travaillé comme si c’était la mienne». Il n’est donc pas si improbable que 32 ans après être entré chez Boyer, société spécialisée dans la fabrication de portes et de trappes étanches en acier, Serge Gérard finisse par en devenir le patron. Son CAP métallerie en poche, il a gravi les échelons un à un. Jusqu’au sommet. «Boyer cherchait un soudeur, j’ai fait le test, c’était bon. Le lundi suivant, j’embauchais». Il a 20 ans. Au bout de six mois, Serge Gérard pense déjà à quitter les lieux. «J’étais enfermé… moi qui venais du bâtiment ; et je n’apprenais plus rien…» Impensable pour l’ouvrier passionné et curieux. «Alors je discutais beaucoup. Pour me punir, mon chef m’a mis sur d’autres postes où j’ai fait le tour de tout l’atelier : J’ai adoré !» Il commence ainsi son incroyable parcours qui le fera progressivement passer de col bleu à col blanc. «Les deux mondes ne sont finalement pas si différents…», philosophe-t-il. Soudeur, aide-magasinier, responsable du magasin, gestion des petites commandes, réalisation des devis, planification de la fabrication, responsable des achats, directeur de la production, directeur industriel et pour finir directeur général. Un parcours hors norme qui lui a d’ailleurs valu d’être lauréat du trophée régional des autodidactes et coup de cœur national en 2015. S’il raconte son histoire avec fierté, Serge Gérard exprime un regret : «ne pas avoir plus travaillé à l’école… Aujourd’hui, je fais des fautes dans mes courriers, je ne parle aucune langue…» Mais il a su compenser : «je fais les choses avec passion et j’aime cette société».

« Je sais d’où je viens »

Voilà comment celui qui a toujours quitté l’usine en dernier, passé des week-ends à travailler et enchaîné les formations, explique son ascension. «Grâce à ces nouveaux challenges, je me suis découvert. Je ne savais pas que je serais capable de faire tout ça». Quand Boyer a été vendu «je me suis positionné». Son objectif a toujours été de diriger. C’est ce qu’il fait depuis plus de deux ans, sans oublier l’essentiel. «Je sais d’où je viens et quand il faut donner un coup de main dans l’atelier ou en clientèle, j’y vais». Se remémorer ses débuts l’aide à manager. S’il n’a jamais couru après l’argent – au point de ne jamais demander d’augmentation lors de ses évolutions –, il a conscience de vivre un monde du travail différent. Il met en place des primes pour tous les salariés, en fonction des performances, mais également de leur implication dans l’entreprise, rémunère au-delà du Smic et reste attentif à leurs conditions de travail. Une vision humaine, mais aussi stratégique. Cette politique permet à Boyer de remonter la pente et de poursuivre recrutements et investissements. Mais il ne cache pas sa déception face à la morosité dans le monde du travail et au manque de passion. «J’aimerais qu’un Serge Gérard se révèle dans l’entreprise pour la reprendre», confie-t-il. Une échéance qu’il envisage avec une pointe d’angoisse. Il redoute l’ennui. Pour recharger les batteries, l’énergique quinqua souffle régulièrement au bord de l’eau sur son bateau ou à la pêche. «Ce moment de pause me rend heureux. J’ai besoin de solitude». Avant de se laisser de nouveau assaillir par ses pensées et ses projets… «Si je m’ennuie, je passerai à autre chose».

Serge Gérard
Boyer
19 Avenue de la Madeleine
33170 Gradignan
Tél : 05 57 96 53 10

LUI ECRIRE
L’ENTREPRISE