Muriel Fourel – Sécuritest – Réseau entrepreneurs Nouvelle Aquitaine

Muriel Fourel – Sécuritest

“Plongée dans la mécanique au féminin”

Monter un « centre de contrôle technique féminin » – la marque est déposée à l’INPI -, il fallait juste y penser. Muriel Fourel l’a fait ! Non seulement, c’est une femme dans un monde d’hommes. Mais, en plus, cette quinquagénaire blonde aux cheveux longs n’y connaissait rien en mécanique auto avant de passer l’examen d’exploitante de centre (en 2010). Encore plus étonnant, avant de faire construire son centre technique à Bordeaux-Nord, juste en face de la Base sous-marine, cette girondine venait de la campagne, des vignes de Saint-Emilion plus exactement.

Et avant de parler rotule, pompe à injection ou cardans, Muriel Fourel a parlé pendant 27 ans d’assemblage, de cuve et de cépages à des importateurs, VRP et autres négociants. Elle n’avait qu’un bac et a tout appris sur le tas dans la propriété de son ex-mari. L’adaptation est sa force.

Le sens de la relation-client

Une séparation, un nouveau départ et une remise en question la rapprochent de Bordeaux. Elle essaie le salariat en intérim et, vraiment, ça n’est pas pour elle : « Je ressentais un manque de liberté, obligée de faire toujours la même chose et pas envie d’être commandée », se souvient-elle. Par hasard, elle découvre l’activité de contrôle technique, la sécurité automobile et ses conséquences, travaille quelques mois avec plaisir chez l’un d’entre eux. En même temps, elle sent bien que, dans ce secteur, « il y avait des choses à faire » notamment vis-à-vis de la clientèle féminine. Elle mène sa petite enquête auprès de cette clientèle : « Elles m’ont dit que c’était un milieu d’hommes qui ne s’intéressait pas à elles, sans aucune explication claire sur les problèmes mécaniques et la sécurité de leur véhicule, des salles d’attente dégoutantes et pas même un café offert pour patienter. En résumé, on les prenait pour des blondes », s’agace la responsable.

Dans son centre ouvert en 2011, l’ex-viticultrice décide alors de prendre le contre-pied de toutes ces critiques. Elle propose même un accès wifi gratuit avec un PC à disposition, un espace jeux pour les enfants, des magazines « comme chez le coiffeur », des dessins simples et explicatifs du moteur et des pièces à changer, voire des photocopies de rotule ou autre pièce de moteur à ramener chez soi ! De son activité d’avant, elle a gardé le sens de la relation-client, avec encore plus de plaisir : « Je découvre tous les jours de nouvelles choses et de nouvelles personnes. » Désormais, 40% de femmes composent sa clientèle. Et même les hommes – loin d’être tous experts de mécanique auto – apprécient  d’avoir des explications techniques claires et simplifiées.

Cette passionnée de plongée sous-marine en autonomie ne voudrait pas s’arrêter là. Depuis début 2015, elle cherche un local pour un second centre technique, au féminin toujours. Elle n’a pas encore trouvé mais cette femme opiniâtre et carrée sait retenir son souffle jusqu’à toucher son but.