Portrait de Lalou Roucayrol, Team-Arkema - resoo

Lalou Roucayrol, défier le creux de la vague

« Quand on est devant la mer, que ça déferle… C’est fascinant, hallucinant… On est au milieu de l’eau avec un bateau pour seule sécurité. Je suis heureux d’avoir vécu ça ». Lalou Roucayrol a organisé sa vie autour de sa passion : la voile. « L’entreprenariat est juste un moyen de vivre ma passion », s’excuse-t-il. Dès qu’il sait nager, le jeune médocain se retrouve dans un bateau et enchaîne les régates sur l’optimiste en bois construit par son père. Il a 7 ans pour la première. A la fin du collège – « je n’étais pas très brillant à l’école » – il débute une formation d’électromécanicien à l’école de la marine marchande à Marseille et découvre la vie sur les cargos. Parallèlement, il poursuit la voile sans penser qu’il s’agissait là de son réel projet professionnel. « Naviguer sur les bateaux à voile, ce n’était pas un métier. Mais je savais que je voulais être en contact avec la mer. » Dès 14 ans, il court sur des monocoques. Deux ans plus tard, il investit avec des copains dans un quarter tonner, un 7,60 mètres. « J’ai toujours tout investi dans les bateaux et les motos ». Il relève son premier défi à 20 ans : la Mini-Transat qui partait de France pour la première fois. « C’était un gros challenge, en solitaire. Les GPS n’existaient pas, je ne me suis pas préparé… Je n’avais aucun recul ». Il prend le départ à Brest vers les Canaries et la Guadeloupe ; et termine 7e. « La course au large m’interpelait ». Il met tout en œuvre pour réaliser – et surtout dépasser – ses objectifs. Il trouve un sponsor, Mouton-Cadet à l’époque, commence à travailler le composite sur le chantier de construction navale CDK, monte au créneau pour la création de Port-Médoc et se lance dans l’entreprenariat. C’est pour travailler sur le premier Ecureuil de Titouan Lamazou qu’il crée sa société Strato Compo. « J’ai adapté mon outil de travail à ma passion, je travaillais le soir et le week-end et de mars à octobre, je partais faire les épreuves 10 jours par mois”.

Faire avancer la technique

Son parcours est jalonné de réussites et d’échecs : un départ pour la route du Rhum raté en 1990 avec le prao qu’il a modifié à 80% ; avec Jean-Louis Miquel, ils sont champions d’Europe en 1993 ; en 1994, il devient salarié pour la team Banque Populaire ; en 1998, il fait partie de l’équipage d’Yves Parlier, vainqueur de la Route de l’Or ; en 2004, il quitte la Banque Populaire ; en 2007, il crée sa société LalouMulti pour concevoir le trimaran qu’il perd en 2010, lors de la Route du Rhum… “J’ai beaucoup travaillé sur l’échec, la fatalité… ”. Sur la mer depuis plus de 40 ans, le navigateur n’a pourtant rien d’une tête brûlée. « Lors de ma dernière course en solo entre Plymouth et New York, j’ai vu mes limites. Quand le plaisir n’est plus là, il ne faut pas aller plus loin ». Aujourd’hui, il prend des risques d’une autre manière : il teste des matériaux innovants sur ses bateaux, « on fait avancer la technique ». « Nouer des partenariats avec des gens qui transforment la matière donne du sens à mes projets ». C’est ainsi qu’il croise en 2014 la route de son nouveau sponsor, Arkéma, groupe chimique français, spécialisé dans les matériaux de performance. Celui qui se désole de « ne pas avoir de compétences » et un « diplôme de la marine marchande qui n’est plus valable », continue d’appuyer ses projets sur sa passion, quitte à rater le départ. Mais sans perdre de vue le dernier de ses défis : la Route du Rhum 2018. A 54 ans, il pourra alors confirmer ce qu’il sait déjà : « je suis allé au bout de mes rêves ».

Lalou Roucayrol
Lalou Multi
27 rue Ludovic Trarieux
33590 Saint Vivien de Médoc
Tél : 07 63 06 02 11

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